Arles, c. 25 février 1888
Mon cher Theo,
Merci de ta bonne lettre ainsi que du billet de 50 francs.
Je ne trouve pas jusqu'à présent la vie ici aussi avantageuse que j'eusse pu
l'espérer, seulement j'ai trois études de faites, ce qu'à Paris de ces
jours-ci probablement je n'aurais pas su faire.
J'étais content de ce que les nouvelles de la Hollande étaient assez satisfaisantes.
Pour ce qui est de Reid, je serais peu étonné de ce qu'à tort pourtant - il
prit de mauvaise part que je l'aie devancé dans le Midi. Dire de notre
part que nous n'aurions jamais eu avantage à le connaître serait relativement
injuste, puisque 1°: il nous a fait cadeau d'un très beau tableau
(lequel tableau, soit dit entre parenthèse, on avait l'intention d'acquérir) ;
2° Reid a fait monter les Monticelli de valeur et puisqu'on en possède 5,
il en résulte pour nous que ces tableaux ont haussé en tant que valeur;
3 : il a été de bonne et agréable compagnie dans les
premiers mois.
Maintenant de notre côté on a voulu le faire participer à une affaire plus
importante que celle des Monticelli, et il fait semblant de
n'y pas comprendre grande chose.
Il me semble que pour avoir davantage encore le droit de rester maîtres
de notre terrain en tant que quant aux impressionnistes,
pour qu'il n'y puisse avoir de doute concernant notre bonne foi
à l'égard de Reid - on pourrait le laisser agir sans intervenir comme
bon lui semblera pour les Monticelli de Marseille.
Insistant sur ceci que les peintres décédés ne nous intéressent
qu'indirectement au point de vue argent.
Et si tu es d'accord en ceci, à la rigueur tu peux de ma part aussi
lui dire que s'il a l'intention de venir à Marseille pour y acheter
des Monticelli, il n'a rien à craindre de notre part, mais qu'on
a le droit de lui demander ses intentions à cet égard, vu qu'on
l'a devancé sur ce territoire.
Pour les impressionnistes, il me semblerait juste que ce soit par ton
intermédiaire sinon par toi directement qu'ils soient introduits en Angleterre.
Et si Reid prenait les devants, on aurait le droit de le considérer
comme ayant agi envers nous de mauvaise foi, à plus forte
raison depuis qu'on l'aurait laissé libre pour les Monticelli
de Marseille.
Tu rendrais sûrement service à notre ami Koning en le laissant
rester avec toi; sa visite chez Rivet doit lui avoir prouvé que ce
n'est pas nous qui l'ayons mal conseillé. En cas que tu voudrais le prendre,
et il me semble que ce serait un débrouillage pour lui,
seulement il faudrait clairement s'expliquer avec le père, de façon
que tu n'aies pas de responsabilités indirectes mêmes.
Si tu vois Bernard, dis lui alors que jusqu'à présent j'ai à payer
plus cher qu'à Pont-Aven, mais qu'ici je crois qu'en restant en garni
avec les bourgeois il doit y avoir des économies à faire, ce que
je cherche et dès que j'aurai vérifié je lui écrirai ce qui
me paraîtra la moyenne des dépenses.
Et je voudrais pouvoir faire des bleus comme Ziem, qui ne bougent
pas tant que les autres, enfin nous verrons.
Ne t'embête pas, et donne une poignée de main aux copains pour moi,
b à t, Vincent
Les études que j'ai sont une vieille femme Arlésienne,
un paysage avec de la neige, une
vue d'un bout de trottoir avec la boutique d'un charcutier.
Les femmes sont bien belles ici, c'est pas une blague, par
contraire le musée d'Arles est atroce et une blague, et
digne d'être à Tarascon. Il y a aussi un musée d'antiquités, vraies celles-là.
At this time, Vincent was 34 year oldSource: Vincent van Gogh. Letter to Theo van Gogh. Written c. 25 February 1888 in Arles. Translated by Robert Harrison, edited by Robert Harrison, number 464. URL: https://www.webexhibits.org/vangogh/letter/18/464-fr.htm.
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