Mon cher Theo,
Avec grand plaisir j'ai reçu ta lettre et le brouillon de la
lettre à Tersteeg et le billet de 50 fr.
Ta lettre à Tersteeg est dans le brouillon tout à fait bien,
j'espère que tu ne l'auras pas trop éreintée en la mettant
au net.
J'ai reçu ici une lettre de Gauguin, [GAC 28] qui dit qu'il a été
malade au lit durant 15 jours. Qu'il est à sec vu qu'il a
eu des dettes criardes à payer. Qu'il désire savoir si tu lui
as vendu quelque chose, mais qu'il ne peut pas t'écrire de crainte de
te déranger. Qu'il est tellement pressé de gagner un peu d'argent,
qu'il serait résolu de rabattre encore sur le prix de ses
tableaux.
Pour cette affaire je ne puis de mon côté rien que d'écrire à
Russell, ce que je fais et aujourd'hui même.
Puis tout de même on a cherché déjà en faire acheter un par Tersteeg.
Mais que faire, il doit être bien gêné. Je t'envoie
un petit mot pour lui pour le cas où tu aurais quelque chose à lui
communiquer, seulement ouvre donc les lettres s'il en vient pour moi,
car tu sauras plus tôt le contenu ainsi faisant, et cela m'épargnera
la peine de t'en raconter le contenu. Ceci une fois
pour toutes.
Oserais-tu lui prendre la Marine pour la maison ? Si cela se
pourrait, il serait momentanément d l'abri.
C'est maintenant très bien que tu aies pris le jeune Koning,
je suis si content que tu ne resteras pas tout seul dans ton
appartement. A Paris on est toujours navré comme un cheval de fiacre,
et si on doit encore resté seul avec ça dans son étable
ce serait trop fort.
Pour l'exposition des Indépendants fais comme bon te semblera.
Qu'en dirais-tu d'y exposer les deux grands paysages
de la butte Montmartre ? Pour moi
cela m'est plus ou moins égal, je compte plutôt un peu sur
le travail de cette année.
Ici il gèle ferme et dans la campagne il y a toujours de la neige,
j'ai une étude d'une campagne blanchie
avec la ville dans le fond. Puis 2
petites études d'une branche d'amandier déjà en fleur
pourtant.
Voici pour aujourd'hui, j'écris encore un petit mot
à Koning.
Vraiment je suis bien content que tu aies écrit à Tersteeg, et
j'ai espérance que cela sera la renaissance de tes relations
en Hollande.
Avec une poignée de main à toi et aux copains que tu
pourrais rencontrer,
t. à t. Vincent
At this time, Vincent was 34 year oldSource: Vincent van Gogh. Letter to Theo van Gogh. Written c. 3 March 1888 in Arles. Translated by Robert Harrison, edited by Robert Harrison, number 466. URL: https://www.webexhibits.org/vangogh/letter/18/466-fr.htm.
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