Relevant paintings:  "Thatched Cottages," Vincent van Gogh 1890 [Enlarge]
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Mon cher Theo et Jo,
Dans l'autre lettre j'ai d'abord oubli� de te donner l'adresse d'ici,
qui est provisoirement de la Mairie chez Ravoux,
puis lorsque je t'ai �crit je n'avais encore rien fait. A pr�sent
j'ai une �tude de vieux toits de chaume avec sur l'avant-plan un champ
de pois en fleurs et du bl�, fond de colline.
Une �tude que je crois que tu aimeras.
Et je m'aper�ois d�j� que cela m'a fait du bien d'aller dans
le Midi pour mieux voir le Nord.
C'est comme je le supposais, je vois des violets davantage o� ils sont.
Auvers est d�cid�ment fort beau.
Tellement que je crois que ce sera plus avantageux de travailler que de
ne pas travailler, malgr� toutes les mauvaises chances qui sont � pr�voir
dans les tableaux.
C'est tr�s color� ici - mais comme il y a de jolis maisons de campagne
bourgeoises, bien plus joli que Ville d'Avray, etc., � mon go�t.
Para�t que Desmoulins, celui qui fait le Japon,
a �t� ici, mais est reparti. Si vers la fin de la semaine
tu pouvais m'envoyer de l'argent, ce que j�ai me
tiendra jusqu'alors, mais je n'en ai pas pour plus
longtemps.
Ceux-l� il me les faudrait quand m�me pour ne pas perdre du temps.
Il y a beaucoup � dessiner ici.Mon cher, r�flexion faite, je ne dis
pas que mon travail soit bien, mais c'est ce que je peux
faire de moins mauvais. Tout le reste, relations avec
les gens, est tr�s secondaire, parce que je n'ai pas de talent pour �a.
A cela je n'y peux rien.
Ne pas travailler ou travailler moins co�terait le double,
voil� tout ce que je pr�vois. Si on cherchait un autre chemin de
parvenir que le chemin naturel travailler - ce que nous ne ferons gu�re.
Tenez, si je travaille, les gens qui sont ici viendront tout aussi
bien chez moi, sans que j'aille les voir expr�s, que si je faisais
des d�marches pour faire des connaissances.
C'est en travaillant que l'on se rencontre, et �a c'est la meilleure
mani�re. Suis d'ailleurs bien convaincu que telle est ton opinion
et aussi celle de Jo. A ma maladie je n'y peux rien.
J'avais �a � Paris et ici aussi, mais le travail marchant un peu, la
s�r�nit� viendra. Quoi qu'il en soit, je ne regrette pas
d'�tre revenu et cela ira mieux ici.Serai bien content
si d'ici quelque temps tu viennes un dimanche
ici avec ta famille.
Tu verras bien que pour comprendre la campagne et la culture,
�a ne fait que du bien de voir d'autres
pays.
Mais je trouve presque aussi joli les villas modernes et les
maisons de campagne bourgeoises que les vieux chaumes, qui tombent
en ruine. Mmes Daubigny et Daumier � ce qu'on dit restent
encore ici, au moins je suis s�r que la premi�re y reste.
Lorsque tu pourras le faire, tu m'enverrais pour un temps les
Exercices au fusain de Bargue, j'en ai absolument besoin, je les copierai
pour garder pour de bon les copies.
Poign�es de main bien cordiales,
Vincent
At this time, Vincent was 37 year oldSource: Vincent van Gogh. Letter to Theo van Gogh. Written 21 May 1890 in Auvers-sur-Oise. Translated by Robert Harrison, edited by Robert Harrison, number 636. URL: https://www.webexhibits.org/vangogh/letter/21/636-fr.htm.
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