van Gogh's letters - unabridged and annotated
 
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Letter from Vincent van Gogh to Paul Gauguin
Auvers-sur-Oise, c. 17 June 1890
Relevant paintings:


"L'Arlesienne (Madame Ginoux)," Vincent van Gogh
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"Portrait of Doctor Gachet," Vincent van Gogh
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"Sketch by Vincent," Vincent van Gogh
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"Road with Cypress and Star," Vincent van Gogh
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"Sketch by Vincent," Vincent van Gogh
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"Ears of Wheat," Vincent van Gogh
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[An unfinished letter found among his papers]

Mon cher ami Gauguin,

Merci de m'avoir de nouveau écrit, mon cher ami, et soyez assuré que depuis mon retour j'ai pensé à vous tous les jours. Je ne suis resté à Paris que trois jours et le bruit, etc., Parisien me faisant une bien mauvaise impression, j'ai jugé prudent pour ma tête de ficher le camp pour la campagne, sans cela j'aurais bien vite couru chez vous.

Et cela me fait énormément plaisir que vous dites que le portrait d'Arlésienne, fondé rigoureusement sur votre dessin, vous a plu. J'ai cherché à être fidèle à votre dessin respectueusement et pourtant prenant la liberté d'interpréter par le moyen d'une couleur dans le caractère sobre et le style du dessin en question. C'est une synthèse d'Arlésienne si vous voulez; comme les synthèses d'Arlésiennes sont rares, prenez cela comme oeuvre de vous et de moi, comme résumé de nos mois de travail ensemble. Pour le faire j'ai payé moi pour ma part encore d'un mois de maladie, mais aussi je sais que c'est une toile, qui sera comprise par vous, moi, et de rares autres, comme nous voudrions qu'on comprenne. Ici mon ami le Dr Gachet y est après deux, trois hésitations venu tout à fait et dit: « Comme c'est difficile d'être simple ». Bon - je vais encore souligner la chose en la gravant à l'eau-forte, cette chose-là, puis basta. L'aura qui voudra.

Avez-vous aussi vu les oliviers ? Maintenant j'ai un portrait du Dr Gachet à expression navrée de notre temps. Si vous voulez, quelque chose comme vous disiez de votre Christ au jardin des oliviers, pas destiné à être comprise, mais enfin là jusque-là je vous suis et mon frère saisit bien cette nuance.

[Ici un croquis de la "Cyprés avec une étoile."]

J'ai encore de là-bas un cyprès avec une étoile, un dernier essai - un ciel de nuit avec une lune sans éclat, à peine le croissant mince émergeant de l'ombre projetée opaque de la terre - une étoile à éclat exagéré, si vous voulez, éclat doux de rose et vert dans le ciel outremer où courent des nuages. En bas une route bordée de hautes cannes jaunes, derrière lesquelles les basses Alpines bleues, une vieille auberge à fenêtres illuminées orangée, et un très haut cyprès, tout droit, tout sombre.

Sur la route une voiture jaune attelée d'un cheval blanc et deux promeneurs attardés. Très romantique, si vous voulez, mais aussi je crois de la Provence.

Probablement je graverai à l'eau-forte celle-là et d'autres paysages et motifs, souvenirs de Provence, alors je me ferai une fête de vous en donner un, tout un résumé un peu voulu et étudié. Mon frère dit que Lauzet, qui fait des lithographies d'après Monticelli, a trouvé bien la tête d'Arlésienne en question.

Alors vous comprenez qu'étant arrivé à Paris un peu ahuri, je n'ai pas encore vu de vos toiles. Mais bientôt j'espère y retourner pour quelques jours.

[Ici un croquis de La Blé]

Très content d'apprendre par votre lettre, que vous retournez en Bretagne avec de Haan. Il est fort probable que - si vous me le permettez - je viendrai pour un mois vous y rejoindre, pour y faire une marine ou deux, mais surtout pour vous revoir et faire la connaissance de de Haan. De ces jours-là nous chercherons à faire quelque chose de voulu et de grave, comme cela serait probablement devenu si nous eussions pu continuer là-bas.

Tenez, une idée qui peut-être vous ira, je cherche à faire des études de blé ainsi - je ne peux cependant pas dessiner cela - rien que des épis bleu vert, feuilles longues comme des rubans vert & rose par le reflet, épis jaunissant légèrement, bordés de rose pâle par la floraison poussiéreuse - un liseron rose dans le bas enroulé autour d'une tige.

Là-dessus sur un fond bien vivant et pourtant tranquille, je voudrais peindre des portraits. C'est des verts de différente qualité, de même valeur, de façon à former un tout vert, qui ferait par sa vibration, songer au bruit doux des épis se balançant à la brise. C'est pas commode du tout comme coloration.


At this time, Vincent was 37 year old
Source:
Vincent van Gogh. Letter to Paul Gauguin. Written c. 17 June 1890 in Auvers-sur-Oise. Translated by Robert Harrison, edited by Robert Harrison, number 643.
URL: https://www.webexhibits.org/vangogh/letter/21/643-fr.htm.

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